Histoire de notre village et de ses lieux dits
Découvrez l'histoire de Gy-les-Nonains au fil du temps, au travers de ses lieux-dits, son château ou son église.
Le nom de Gy est attesté pour la première fois sous la forme Giacus, puis Gajacus au IXe siècle, puis Gii au XIe, puis Giy au XVIIe : il est difficile d'y retrouver aujourd’hui le premier qui ait laissé son nom au lieu de sa villégiature, probablement un romain nommé Gaius (ou Caius).
Tous les lieux-dits n’ont hélas pas laissé autant de traces écrites, mais tous sont le résultat d’une histoire, qui n’existe parfois plus que dans leurs noms : si les nonnes du monastère de Gy ont disparu en 1752, leur souvenir persiste dans ces Nonains qui complètent le nom du village — avec une belle faute d'orthographe puisqu'il faudrait écrire Nonnains !
Les erreurs d'interprétation existent aussi : ainsi, on lit parfois que les Nonains seraient « les petites nonnes ». C'est faux : nonnain est simplement en vieux français le cas régime de nonne (c’est-à-dire la forme que prend le nom lorsqu'il n’est pas sujet dans la phrase). Le nom complet de notre village signifierait donc « le domaine de Gaius près du monastère des nonnes ».
A défaut d'être toujours sûres, ces étymologies donnent du relief aux lieux que nous habitons, et les hypothèses ouvrent l'imagination — ce qui n’est pas le moindre mérite de la recherche historique.
Les noms de lieux qui se terminent en —ière sont, d’après JS, formés sur un nom de famille. Ainsi, l’Arsenaudière serait l'habitation de la famille Arsenaud, ou Archenaud, un nom fréquent dans le Loiret. Mais le « quartier » de l’Arsenaudière à Gy est étonnant : les lieux les plus proches sont les Baillis, les Comtes, le Châtelet… On peut donc penser aussi que l’Arsenaudière aurait pu être l'emplacement de l’arsenal de ce châtelet, c’est-à-dire l'endroit où l’on gardait les armes. D'autant plus que nous sommes sur la route des Templiers, qui mène de la Commanderie de Montbouy à celle de Gy…
Le bailli est le juge de paix de l’Ancien Régime. Il est le représentant du roi ou du seigneur dans un « baillage » où il exerce un pouvoir administratif, militaire et judiciaire. L'institution, fondée par Philippe Auguste au XIIe siècle, a duré jusqu’à la Révolution. Gy faisait partie du baillage de Montargis. Le bailli avait-il une résidence secondaire à Gy ? Ou serait-ce le lieu d'habitation de la famille Bailly — qui aurait porté ce nom en souvenir d’un ancêtre qui exerçait cette fonction?
Le lieu-dit a aujourd’hui disparu. Il est encore attesté sur le cadastre de 1839. Il se trouvait au nord de la ferme de Montmartin/Les Rousses, au bord du chemin creux qui rejoint la route de Montcresson (la végétation en a gardé la trace). Le nom est probablement celui de son propriétaire. « Beauvais» peut être la dérivation du latin Bellovacum, du nom d’un peuple gaulois implanté dans le nord de la France. Il n’est pas interdit d'imaginer que le « Beauvais de Gy » aurait pu être un immigré de la Gaule du nord.
La frontière entre Gy et Saint-Germain est matérialisée par l'Ouanne. Mais la rivière a deux cours : au nord, le lit principal, au sud la « fausse rivière » qui alimente les moulins de Talot, de Vaux, du bourg. Entre les deux, des prairies — parce qu’on le sait : « Entre Gy et Saint-Germain ne pousse ni pain ni vin. » Pourquoi ces prés au nord-est du moulin de Vaux sont-ils qualifiés de Bons ? Sans doute par des efforts de drainage. Le cadastre de 1839 montre un parcellaire très divisé et des rigoles qui le traversent (dont la « rigolle Norest »).
Le nom est unique en France, son origine est mystérieuse, sans doute liée à un nom de famille. PG* en a trouvé mention en 1729. Une famille venant de la Bresse? Ou en relation avec la famille du baron de Garempel de Bressieux (1832-1889), qui a habité au château de Changy entre 1852 et 1889? Les Bressieux ont marqués le village (leurs armoiries sont à la voûte de l'église), mais le nom de la Bressesière semble antérieur à leur installation à Gy.
Le toponyme indique clairement un lieu de fabrication de briques. D'après PG* cette briqueterie était déjà exploitée par la famille Guerré en 1602. On pourrait certainement remonter l'histoire de cette entreprise en épluchant les archives notariales. Avis aux amateurs.
Quel buisson a pu suffire à désigner le fief connu sous ce nom ? On ne le saura jamais. PG* affirme trouver des actes de propriété depuis le XIIIe siècle ; on sait que le château servit de résidence au XVIIIe siècle à Marie-Philiberte Lamy, marquise d'Argence, épouse en 1748 de Pierre-François Joumard Tison d'Argence, mousquetaire du roi, puis capitaine dans le régiment de Condé, puis dans le régiment de Dragons de Vibraye, puis maréchal des camps des armées royales. À la fin du XIXe siècle, le Buisson fait partie du domaine de Vaux, appartenant à Alexandrine Revelière, femme de caractère qui a marqué le village.
Entre le Colombier et les Comtes se cachent les Cacots, à l'origine mystérieuse. Le « Parler Gâtinais » de MM* permet une hypothèse : cacoter se disait jusqu'au XIXe siècle à propos des noix qui mûrissent. Il reste un petit bois aux Cacots, peut-être la trace des anciens noyers ?
Entre l'Arsenaudière et la Bressesière, le champ porte ce nom curieux. La culture s'y faisait-elle autrefois en carrés plus remarquables qu'ailleurs ? Mais nous sommes aussi à un jet de pierres des Carrières, ce qui peut faire penser à un lieu d'habitation de carriers. N'oublions pas non plus que les carrefours s'appellent les carroués (cf. MM*), et qu'il y a justement plusieurs carroués aux Carrés. Au choix, donc !
Des carrières, sans doute, mais pas de pierres sur ce plateau argilo-calcaire. C'est plus probablement l'extraction de la marne qui a donné son nom au lieu, cette couche souterraine de marne qui imperméabilise les sols et crée les « gâtines ». D'un mal les agriculteurs ont fait un bien : la marne extraite était épandue comme amendement et fertilisant grâce à ses apports en chaux et en potasse. Les puits d'extraction de la marne s'effondraient souvent, laissant une mardelle — et justement, la Mardellarat n'est pas loin des Carrières.
Dans le Parler Gâtinais (cf. MM*), une chabanne est une mauvaise viande. On voit mal comment ce sens se justifierait dans les prés du Petit Changy. Pour JS*, le nom proviendrait de la famille Chabin. On pourra préférer l'explication de SG*, qui fait dériver le nom du latin catanus = le genévrier. Une des nombreuses variétés de ce juniperus a-t-elle pu s'installer au bord de l'Ouanne ?
Sans r autrefois, avec un r aujourd'hui, mais cela change beaucoup. Champleveau est probablement le champ d'un certain Leveau ou Livaut, dont le nom lui-même est d'origine germanique : JS* le fait remonter à Chlodowechus, qui a donné Ludovicus en latin. Champlevreau pourrait bien être le champ des lièvres. Alors, le champ à Louis ou le champ aux « ieuvres » ? La parole aux chasseurs !
Le champ de Gy ou le camp de Gy ? Comme Gy dérive d'une forme gallo-romaine, le « campus » est plus probable. Changy aurait donc été le camp de Caius, ce qui pourrait en faire l'habitation la plus ancienne de notre commune. L'actuel château date du XVIII e siècle, mais les traces écrites remontent au haut Moyen Âge, avec un premier « seigneur de Changy » attesté dans un aveu de Pierre de Ratilly en 1404. Domaine de la famille royale de Courtenay ensuite, puis de trois générations de « marins du Roy », il devient propriété des Triqueti au XIXe siècle. Le fief comprenait plusieurs fermes, dont la manœuvrerie du Petit Changy, qui achève actuellement de tomber en ruines.
Que d'énigmes autour de ce Châtelet ! De ce "petit château" ne subsiste que le nom dans les champs entre les Comtes et les baillis. Mais selon la saison, les photos aériennes trahissent la présence de fondations régulières formant un carré de 100m de côté (merci à l'œil expert de Christian Pasquet). Environné de comtes, de baillis, de commandeurs et de Templiers, ce lieu-dit a sans doute eu une histoire prestigieuse, et mouvementée. Sa destruction devrait-elle quelque chose à la chute des Templiers sous Philippe-le-Bel ? En tout cas, on connaît un premier « seigneur Haton de Gii » en 1090, présent dans des chartes du monastère de Néronville près de Château-Landon. Où résidait Haton de Gy ? Peut-être ici… Le Châtelet n'a pas fini de révéler ses secrets !
Qui nous dira de quand date la curieuse dénomination de cette rue qui rallie la route de Montcresson à la route de Montbouy en longeant le vieux bourg? Serait-ce une déformation d'un des nombreux "carrouge" de la région? Carrouge signifiant "carrefour" (cf. JS), la rue a pu prendre le nom d'une des extrémités. Mais la dénomination ne doit pas être très ancienne. Sur le cadastre napoléonien de 1839, c'est le "chemin de la croix des trous de Dotte". Un peu long pour les nouveaux riverains ?
Il est difficile de croire que c'était le lieu de prolifération des chenilles… On pencherait plutôt pour un dérivé du mot chêne, avec un suffixe péjoratif, ce qui donnerait comme signification: "le bois de mauvais chênes" (cf. JS). On ne notera que Chenillotte est aussi un nom de famille, variante parfois de Chevillotte. Des noms de lieux peuvent résulter d'erreurs de copies !
Il y avait là un colombier, forcément… Au moyen-âge, le droit de posséder un colombier était détenu par un seigneur, mais on n'a pas de trace d'un château au Colombier. Le plus proche serait celui de Neuillan, un lieu-dit aujourd'hui disparu (en amont de Vaux), propriété de la famille de Machau au XIV siècle (cf. PG). Guillaume de Machau est bien connu des musiciens… Mais le prieuré cistercien de Saint-Sébastien n'est pas loin non plus, et les moines détenaient des droits de seigneurie, donc de colombier.
Au bord de la route qui mène à Montbouy, le nom n'est pas un hasard : c'est à Montbouy que se trouvait depuis le XIIe siècle la commanderie qui régissait l'Ordre du Temple pour toute la région au sud de Montargis. Dans son sens premier, la « commanderie » est d'abord une unité administrative de l'Ordre, et non un bâtiment particulier. On peut donc penser que la Commanderie de Gy est la propriété d'un chevalier templier, sans qu'il soit forcément le commandeur de la région. D'autres lieux sont attestés comme propriétés templières dans l'environnement proche. Parmi les Templiers arrêtés lors de la grande rafle de Philippe le Bel en 1307, on trouve Lambert de Toisy, Jean et Pierre de Torteville, templiers notoires, auxquels PG ajoute les propriétaires de Mardellarat, de la Grange Chartier, du Rotisseau.
II est tentant de faire de ces « Comtes » les habitants du Châtelet tout proche. Mais le pluriel est un peu étonnant. « Le Comte » est aussi un nom de famille fréquent dans nos régions, et le pluriel s'impose quand plusieurs générations se sont succédé au même endroit. PG* affirme qu'une famille de ce nom habitait ce lieu au XVII e siècle. Le hameau des Comtes était alors un des plus importants de Gy.
Les « trous » sont sans doute ceux des carrières de surface le long de la route de Changy. Certains sont comblés aujourd'hui — d'épaves de voitures... Quant à la croix, c'est une des dernières croix de carrefour attestées déjà sur le cadastre napoléonien de 1839. Celle d'aujourd'hui date de 1895, comme l'indique la plaque heureusement conservée. Elle a été fondue dans les ateliers d'Antoine Durenne, à Sommevoire dans la Haute- Marne.
Durenne était un collaborateur de Bartholdi, le sculpteur de la statue de la Liberté (cf. FP). Une deuxième croix identique se trouve à Vaux et porte les initiales de la donatrice, Alexandrine Revellière (1825-1898) riche propriétaire à Gy. Une croix à l'entrée Ouest, une croix à l'entrée Est du village : Mlle Revellière avait de la religion —et le sens de la propriété !
Cette croix a aujourd'hui disparu. Elle est encore attestée sur le cadastre de 1839. Elle se trouvait à la sortie du bourg sur la route de Montbouy, en haut de la côte, au carrefour d'une route qui n'existe plus et qui menait directement à Mardellerat. C'est bien le début du « plateau », tous les cyclistes vous le diront !
Le lieu-dit et le puits ont aujourd'hui disparu. Ils se trouvaient au carrefour du chemin de Carrosse avec la route de Montbouy, et sont encore attestés sur le cadastre de 1839 et sur la carte de construction du chemin de fer en 1846. La « Dotte » est certainement une déformation de la « doit », qui signifiait en ancien français « source, rigole, conduit » (cf.JS).Le puits devait donc être sur une source captée par une conduite.
Le lieu-dit a aujourd'hui disparu. Il est encore attesté sur le cadastre de 1839. II se trouvait en retrait de la route de Conflans, à l'entrée du chemin du Moulin de Tours. Le sens est obscur : JS propose de le rapprocher du « febvre », qui est le forgeron, la « fevrerie » serait donc la forge. Nous sommes tout près du fief ancien de Montmartin, qui pouvait posséder une forge. Mais l'absence d'eau sur cette colline rend l'explication discutable. Il pourrait s'agir aussi d'un lieu où l'on cultivait la fève, aliment très important au moyen-âge.
La Fleurière est clairement dans la sphère d'influence du domaine de Changy. L'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'un lieu défriché où l'on voit des fleurs (cf. SG) est contestée par JS qui fait dériver les nombreux « Fleury » du nom latin de « Florus » qu'aurait porté le premier résident du lieu. D'après PG, le nom de Fleurière désigne le haut Changy dès 1423. L'écrivain Henry James, qui s'est promené dans ces coins, situe à « Fleurières » l'intrigue de son roman L'Américain en 1877.
C'est le nom du champ qui se trouve en face de Pillière(s), sur la route de Montbouy, juste avant la frontière avec Montcresson. Avant de désigner une construction aménagée pour l'écoulement de l'eau, la fontaine est simplement une eau vive sortant d'une source (cf. SG). Le champ des Fontaines, aujourd'hui nu, présentait un parcellaire très découpé au XIX siècle, avec de nombreuses vignes.
Nom d'une ferme aujourd'hui abandonnée, en retrait de la route de Montcresson, dépendant des Laubins. Le « fourneau » qui l'a baptisée est très probablement un four à chaux. On sait à quel point ce matériau était important dans l'économie agricole, comme amendement, peinture, liant, etc. La ferme du Fourneau a abrité en 1944 le groupe « Hoche », un maquis à l'origine de l'attaque d'un convoi allemand sur le pont de Gy le 23 août 1944.
Voilà bien le nom de lieu le plus énigmatique de notre liste ! Le champ qui porte ce nom se trouve entre les Baillis et Pillière ; ajoutons à notre incompréhension que sa limite sud est la « vallée des Dérouzis » qui est plus un chemin qu'une vallée… Au bout de cette « vallée » se trouve la « borne des quatre paroisses » : c'est en effet la jonction de Gy, Melleroy, Montcresson et Montbouy — quoique Montbouy se trouve aujourd'hui à 500 m de la borne. Mais cela ne nous dit pas ce que sont les « Gesesmes » ! Ce nom n'a pas disparu des cartes actuelles de l'IGN. Un nom de famille, peut-être ?
Entre les Terreforts et le Jureau, « la Glandée » ne pose pas de problème de compréhension, c'est d'ailleurs aujourd'hui encore un bois : la glandée est la récolte des glands, fruits du chêne. Au moyen-âge, le « droit de glandée » était accordé par le seigneur aux paysans pour qu'ils conduisent les porcs dans un bois où ils se nourrissaient de glands et de faînes de hêtres. On espère qu'il reste de beaux chênes dans la Glandée de Gy !
Le lieu-dit a aujourd'hui disparu. Il est encore attesté sur e cadastre de1839. Il se trouvait au sud de la ferme de Montmartin/Les Rousses, au bord de la route de Montcresson. L'origine du nom est mystérieuse. S'il ne s'agit pas du nom d'une famille, il pourrait être une déformation de « gouille », qui est en parler gâtinais un « endroit boueux » (cf. MM). Mais le « Gois Noir » était aussi le cépage principal du vin du Gâtinais, un raisin dont la pellicule est très noire et donne un vin très coloré - et recherché, avant les désastres du phylloxera. Et le coteau en face des Gois s'appelle… les Vigneaux !
C'est le nom très ancien du champ entre les Comtes et la Grange-Chartier. Ce cormier-là a disparu. Reste-t-il d'ailleurs beaucoup de ces arbres dans la commune ? Le cormier n'a que des avantages : son bois est parmi les plus durs en France et sert à la fabrication de manches d'outils particulièrement résistants. Ses fleurs sont mellifères ; ses fruits, les cormes, sont de petites poires comestibles ; son feuillage léger protège idéalement les vignes, et favorise le développement de la truffe. Mais dans plusieurs pays, II figure sur la liste des espèces en danger.
La ferme de la famille Rambert depuis 1918, le fils André était maire de Gy de 1977 à 1995. Ses prédécesseurs aussi étaient illustres : au XIP siècle, Mme Adélaïde de Cintré, née de Vaublanc, bienfaitrice de Montargis, fondatrice de l'école du Château ; avant elle, Ange-René Ravault, le peintre du Concert des Anges de l'église Ste Madeleine. PG* affirme même que la Grande Maison a fait partie des propriétés des seigneurs de Courbevaux à St-Germain-des-Prés.
Entre la Commanderie et le Buisson, sur le plateau, le nom des champs est resté… mais les haies ont disparu. En 1408, il y avait là encore 14 arpents de bois (une trentaine d'ares) qui appartenaient au domaine du Buisson PG*. Peut-être ces « haies » se voyaient elles du bourg ? Peut-être protégeaient elles les Templiers de la Commanderie ?
Sans doute le lieu où s'élevait la grange d'un manant nommé Chartier. Mais la topographie donne l'impression d'un lieu central. et PG* affirme que c'était aussi une propriété templière… La proximité de la Commanderie, de Mardellerat et des Comtes accrédite cette thèse. Donc peut-être la grange templière du conservateur des chartes de l'Ordre ? Rappelons que tous ces domaines dépendaient de la commanderie de Montbouy, et qu'il est inutile d'y chercher le fameux trésor des Templiers qui a été aspiré dans les coffres du roi Philippe-le-Bel dès 1307.
Il s'agit de la dernière prairie au nord-est de la commune, à la limite de Château-Renard, entre les deux cours de l'Ouanne. Le gué qui lui a donné son nom franchit le cours nord de la rivière. Guérard est sans doute le nom d'un propriétaire du lieu - un nom d'origine germanique comme tous ces prénoms où la consonne occlusive du latin (gué) est devenue fricative (jé).
C'est le nom du hameau au sud de la Bressesière, qui a donné aussi le nom aux champs dans le triangle de routes au sud de la Briqueterie. On ne sait si c'est un nom propre de propriétaire, comme le pense JS*, ou le qualificatif des habitants du lieu, ce qui serait un peu vexant pour tous les autres !
Laubin était le nom de plusieurs générations de propriétaires de la ferme. PG* trouve dans les archives de la cure de Gy un certain Antoine Laubin, qui, destiné à l'état de religieux, est tonsuré en 1505 par l'Archevêque à l'église Ste-Madeleine de Montargis. Comme beaucoup, la ferme a subi des dommages à la guerre de Cent Ans. Reconstruite vers 1463, elle prend temporairement le nom de « La Guilloterie ». Au XIXe siècle, elle fait partie des biens de la famille de Triqueti du château du Perthuis à Conflans.
On sait que la plus vieille maison de paille encore debout est la « maison Feuillette » à Montargis construite en 1920. La maison de paille de Gy n'existe plus que dans le nom du lieu-dit, à l'ouest de la commune, près du Loing. Elle devait être exceptionnelle aussi pour suffire à distinguer le lieu. Était-elle construite entièrement en paille ou avait-elle seulement un toit de chaume ? Juste à côté d'elle coule une fontaine dont on retrouve encore le nom sur le cadastre de 1839 : la "Fontaine des Pots".
Quand cette maison a-t-elle été neuve ? En tous cas, celle qui a donné son nom à l'endroit n'existe plus. D'après PG* et le cadastre de 1839, elle avait autrefois une grande cour carrée avec une tour d'angle ou un pigeonnier. Or la possession d'un pigeonnier était un privilège de la noblesse… Il n'est pas impossible qu'elle ait été en relation avec la Grande Maison, à portée de vue.
En vieux français, un « marchais » est une flaque d'eau marécageuse (JS*). MM* précise qu'en Gâtinais, c'est une grande mare, et que le mot vient du gaulois marcu, Les marchais sont nombreux dans nos régions argileuses, le nom étant souvent suivi d'un qualificatif pour les distinguer. Ainsi, s'il est « roucheux c'est qu'il a beaucoup de rouches, c'est-à-dire des roseaux ou des joncs aux bords aigus et tranchants.
une mardelle est une excavation produite par l'effondrement d'une galerie souterraine de marne. Les Carrières ne sont pas loin, puisque la marne servait d'amendement dans l'agriculture. Comment distinguer cette mardelle des autres ? D'après PG*, son originalité est d'être la "mardelle aux rats". Dans la liste des biens des Templiers, récupérés en 1417 par les Hospitaliers de St-jean, figure aussi cette « terre des Fosses au Rat ». un rat ou plusieurs ? Le cadastre de 1839 est encore moins précis, puisqu'il montre l'écriture ancienne du nom : « Mardellera ».
D'après JS*, la première partie du nom est inconnue, et le suffixe —lu viendrait du latin populaire lucus et signifierait « le bois sacré. PG* affirme que le lieu n'est devenu Maugelu qu'en 1310 et qu'il s'appelait auparavant « le vignoble d'Apremont. MM* ajoute que le « mauge » est un cépage de vigne cultivé dans nos régions, appelé aussi le moreau blanc. L'imagination faisant le reste, on pourra partir sur les traces d'un druide gaulois vendangeant à la serpe d'or ! En tout cas, l'hypothèse d'un « mont gelé » semble à écarter, d'autant qu'il est difficile de trouver un mont dans ce paysage.
Ce nom n'est attesté ni sur le cadastre de 1839 ni sur l'inventaire des biens du château de Changy en 1893. Le nom de cette prairie entre le chemin du Pâtis et Changy semble donc très récent. Qui est ce Michel ou cette Michelle qui a voulu laisser sa trace ainsi ?
Entre le Marchais Roucheux et les Noues (qui signifie « un sol gras et humide), le Miroir est à classer dans la même intention : ce sont des terres humides, mal drainées — de l'eau qui stagne jusqu'à former un miroir, sans doute. Drainées, elles le sont, aujourd'hui, les fossés des champs l'attestent par fortes pluies.
Montmartin, ou le château vagabond ! Il y a d'abord le Petit Montmartin, dont on peut reconnaître la motte féodale dans les bois du Perthuis, tout à l'ouest de la commune. Il a sans doute été le premier, avant la construction du Grand Montmartin, à 3 km de là, entre La Fleurière et la Grande Maison. PG* connaît des seigneurs de Montmartin depuis 1160. De ce domaine dépendait le Moulin de Tours, sur le Loing, et sans doute une forge, la Feuvrerie. Après la guerre de Cent Ans, le Grand Montmartin semble avoir été abandonné, puisqu'en 1423 est installée à sa place la ferme de Lancelot La Rousse, qui donne son nom au nouveau domaine : Les Rousses. Mais Montmartin résiste : le cadastre de 1839 montre un beau domaine à cour carrée reconstruit juste en face des Rousses. Puis, renversement de situation : les bâtiments des Rousses disparaissent en grande partie et le domaine de Montmartin prend le nom… des Rousses !
Entre l'église de Gy et le gué du Buisson, les prés (submersibles) s'appellent les Mottereaux. Les interprétations de ce nom sont nombreuses, et aucune n'est plus convaincante qu'une autre… Pour JS* le nom dérive d'une ancienne motte, trace d'un fief médiéval. On a du mal, aujourd'hui, à imaginer un château en bois s'installer dans ces lieux marécageux. À moins de penser que le cours de l'Ouanne ait pu se déplacer vers le sud au fil des siècles, que la prairie derrière l'église ait été sèche au haut Moyen-Âge, que la rue des Arcis ait été l'axe principal du village gallo-romain… Cela expliquerait aussi l'actuel décentrement de l'église. Hypothèse séduisante mais les preuves sont parties au fil de l'eau.
Ce moulin sur le Loing, faisant frontière avec Montcresson, était d'abord le moulin de Montmartin et dépendait du seigneur du Perthuis, qui lui-même dépendait de la seigneurie de Montcresson, Les archives du château conservent une mention de son existence dès 1396. D'après PG*, il aurait été doté de tours pendant les guerres de religion pour surveiller le gué voisin et ces tours lui auraient donné son nom. En 1527, il est cité sous le nom de moulin du Verger dans un bail de rivière. Son histoire a été tracée dans le détail par Gaston Leloup dans les bulletins de la Société d'Emulation de Montargis.
Le château oublié de Gy-les-Nonains
par Gilbert Baumgartner
C’est un lieu-dit du village de Gy-les-Nonains, sur le plateau sud, au bord de la route qui mène
à Montbouy. Ce n’est même plus un hameau, puisque tous les cadastres connus placent son nom en
plein champ : le Châtelet. Rien, en surface, n’indique la présence d’une quelconque construction.
Rien ? Il faut prendre de la hauteur et compter sur les hasards des cultures et de l’hygrométrie
du sol. Sur plusieurs photos aériennes, en effet, on distingue clairement un carré régulier, traces probables
de fondations. C’est à Christian Pasquet, seigneur des Baillis, que nous devons cette découverte.
Accordons lui en récompense le droit de porter aussi les armes du seigneur du Châtelet – quand
il les aura retrouvées !
L’origine du lieu reste mystérieuse. Seul Paul Gache le mentionne dans une présentation de Gy : « Dans les minutes des anciens notaires de Gy, l’emplacement des ruines de ce petit castel est bien situé : au sud des Comtes il y a deux bois à l’est de l’Arsenaudière ; le site est celui du 2e bois en venant de l’Arsenaudière. » Faut-il vraiment parler d’un petit castel ? À l’époque de sa rédaction, M. Gache ne connaissait sans doute pas les photos aériennes de l’IGN. Le carré qui apparaît fait approximativement 100 m de côté, ce qui en ferait un enclos considérable. Rappelons-nous que l’enceinte du château de Mez-le-Maréchal ne mesure « que » 64 m de côté. Si les traces étaient celles des douves, par exemple, les proportions seraient comparables à celles du Mez.
L’environnement de ce « Châtelet » peut alimenter les hypothèses : les Comtes au nord, les Baillis au sud, l’Arsenaudière à l’ouest, un peu plus au nord la Commanderie... Même si nous ne connaissons pas les noms de ces comtes et de ces baillis, il semble
bien que nous soyons ici dans une épopée chevaleresque, où les Templiers et les Hospitaliers pourraient montrer leur nez.
L’Arsenaudière peut être le lieu de l’habitation de
la famille Arsenaud ou Archeneau – un nom fréquent en Gâtinais, mais peut faire penser aussi au lieu où l’on conservait les armes : l’arsenal. Quant à la Commanderie, on se souviendra que nous sommes sur la route qui relie Gy à
Montbouy, où se trouvait depuis le XIIe siècle la commanderie qui régissait l’Ordre du Temple pour toute la région au sud de Montargis. Dans son sens premier, la « commanderie » est d’abord une unité administrative de l’Ordre, et non un bâtiment particulier. On peut donc penser que la Commanderie de Gy est la propriété d’un chevalier templier, sans qu’il soit forcément le commandeur de la région.
D’autres lieux sont attestés comme propriétés templières dans l’environnement proche du Châtelet. Parmi les Templiers arrêtés lors de la grande raffle de Philippe le Bel en 1307, on trouve Lambert de Toisy, Jean et Pierre de Torteville67, templiers notoires auxquels Paul Gache ajoute les propriétaires de Mardellarat, de la Grange Chartier, du
Cet environnement ne nous donne pas d’indications solides sur le Châtelet. Il est tentant de se demander si sa destruction et son arasement ne doivent pas quelque chose à la chute des Templiers – mais c’est la porte ouverte au roman historique, non à l’histoire qui préfèrerait se nourrir de fouilles scientifiques sur le terrain. Les occasions de destruction du patrimoine civil ou religieux ont été nombreuses au cours des siècles ; la région de Gy-les-Nonains a souffert du passage des brigands anglais de la guerre de Cent ans – le légendaire Robin Canolles (ou Knowles) a beaucoup servi d’explication aux disparitions de fiefs -, mais le monastère de Gy peut aussi avoir attiré la vindicte des troupes huguenotes dans les guerres de religion... D’autres châteaux ont disparu corps et biens, sans même laisser
une trace vue d’avion. Il est tentant aussi de relier l’énigme du Châtelet à la méconnaissance que nous avons de
l’emplacement de la première seigneurie de Gy. C’est vers 1090 qu’apparaît dans les archives le premier « Haton de Gii », dans une charte du prieuré de Néronville près de Château-Landon. Dans toutes ces chartes, il est question de donations que font les nobles de la région au prieuré récemment installé à Néronville par l'abbaye de la Grande-Sauve en Gironde 68. Celle qui nous intéresse confirme le don de la chapelle Notre-Dame de Souppes par Foulques de Fay ; non datée, les spécialistes la placent par recoupements autour de 1090. En voici le texte original et sa traduction par l’abbé Verdier :
Adhuc Fulco Faicus, quia istud donum et parvum: Comme cette donation lui semblait insuffisante,
videbatur, donavit ecclesie Sancti Petri Neronisville: Foulques de Fay fit don en plus au prieuré Saint
capellam Sancte Marie de Supis et omnem: Pierre de Néronville de la chapelle Sainte Marie
decimam tam annone quam aliarum rerum, et: de Souppes, de toutes les dîmes tant de vivres
omnem oblationem et omnem sepulturam, et: que d’autres choses, de toutes les offrandes, revenus
atrium, et omnia quecumque pertinent ad capellam;: des sépultures, de l’aître et tout ce qui revient
hec omnia concessit Hauvinus frater Garmundi,: à la chapelle. Tout cela fut concédé par
et Adam filius Stephani, et Robertus Climent,: Hauvin frère de Garmond, Adam fils d’Etienne,
et Rainaldus Pulcher, et Garnerius frater: Robert Clément, Rainaud le Beau et Garnier
Adami, de corum beneficio erant. Ad faciendum: frère d’Adam, desquels relevait le bénéfice. Furent
hoc donum fuerunt Robertus Bonet, Stephanus: témoins de ce don : Robert Bonnet, Etienne
Vitulus, Girardus frater ejus, Hatho de Giaco,: le Veau, Girard son frère, Haton de gy, Emery
Emaricus Pautras, Tebardus de Supis, Garnerius: Pautras, Thibaud de Souppes, Garnier curé de
presbiter de Durdivis.: Dordives.
Notum sit omnibus quod Robertus Climent concessit: Que tous sachent que Robert Clément accorda
quicquid de feudo suo donabitur ecclesie: tout ce qui, provenant de son fief, sera donné à
Sancti Petri Neronisville. : Saint Pierre de Néronville.
Voilà donc Hatho de Giaco présent comme témoin d’une donation, aux côtés d’illustres nobles gâtinais du XIe siècle, dont Robert Clément, le premier possesseur probable de la terre où se construira Mez-le-Maréchal. Dans une autre charte, une vingtaine d’années plus tard, on verra apparaître Eudes de Gy, à côté d’Aubry fils de Robert Clément, preuve de la permanence de cette famille « de Gy » dans l’entourage des grands barons gâtinais.
Le Châtelet fief de Haton de Gy… pourquoi pas ? Ces traces sur le sol n’ont certainement pas fini de nous faire rêver ! Mais avant de laisser gambader notre imagination, rêvons de véritables fouilles programmées sous la conduite d’archéologues patentés.
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67 cf. Henri Perruchot, « Les Templiers en Gâtinais », in Bulletin de la foire-exposition de Montargis, juillet 1973
68 Les chartes de Néronville ont été publiées en latin par H. Stein dans les Annales du Gâtinais, vol. XIII - 1895,
1. 298, avec une introduction sur les conditions d’installation du prieuré.
Bulletin de la Société d’Émulation de l’Arrondissement de Montargis – N°173 – février 2018
Histoire de Sainte Fare à Gy-les-Nonains
Il paraît que les anges n’ont pas de sexe… les saints, si ! Il est probable que si l’on invoque un saint alors que c’était une sainte, celle-ci se vexe et ses vertus faiblissent.
Depuis plusieurs années, Gy avait inscrit sa fête des associations sous le patronage de saint Fare. Errare humanum est, comme l’on disait autrefois : le saint était une sainte ! La nouvelle municipalité a voulu corriger l’erreur : tous les saints s’en réjouissent certainement.
Mais qui était cette sainte Fare, et quel lien entretient-elle avec Gy ? Tournons-nous vers les meilleurs historiens, par exemple Régine Pernoud qui, dans Les saints au Moyen Âge raconte l’histoire édifiante de Fare dans le chapitre Les femmes aussi.
Fare, ou Fara (ou même Burgondofara), naît vers l’an 600, dans la famille d’un noble burgonde : son père, Hagnéric, a fait partie de l’escorte de Clovis et possède un grand domaine près de Meaux. Ce début de VIIe siècle voit se développer un important mouvement de christianisation de l’ancienne Gaule, sous l’influence de moines venant principalement d’Irlande. C’est ainsi que le fameux saint Colomban est reçu chez Hagnéric vers 610, et la petite Fare tombe sous son charme. Lisons Régine Pernoud :
« Colomban bénit la maison et bénit aussi tout spécialement la fillette ; or Fare va dès ce moment se vouer à Dieu. Ce ne sera pas sans difficulté ni sans lutte : son père s'oppose à cette vocation ; Fare en tombe malade au point d'en perdre la vue ; elle sera guérie par l'intervention d'un disciple de Colomban, Eustase ; mais Hagnéric, entêté qu'il est, n'en refuse pas moins à Fare l'autorisation de se consacrer à Dieu ; elle s'enfuit et il faudra une nouvelle intervention d'Eustase pour que cède enfin l'obstination paternelle. Finalement Hagnéric fait don à sa fille de l'un des domaines qu'il possède ; elle prend le voile des vierges de la main d'un évêque de Meaux, Goadoald, et bientôt s'élève à Eboriac le monastère qu’on nommera plus tard Faremoutiers. »
Faremoutiers, littéralement « le monastère de Fare », adopte la règle de saint Colomban et devient un des premiers monastères doubles de Gaule, c’est-à-dire qu’à côté du monastère de femmes est établi un monastère d’hommes, les deux étant sous l’autorité de l’abbesse. Le pouvoir des femmes n’était pas négligeable, au VIIe siècle... Faremoutiers va connaître un rayonnement très important, et les abbesses seront souvent de haute lignée.
Fare décède en 657 dans son monastère, en laissant un testament que tous les historiens considèrent comme authentique. Les histoires de saints sont souvent légendaires : la vie de Fare, au moins, est attestée par des documents sûrs.
Et Gy-les-Nonains, dans tout ça ?
Au IXe siècle, l’abbesse de Faremoutiers est une fille de Charlemagne, nommée Rothilde. Elle vit à la cour de l’Empereur jusqu’à la mort de celui-ci en 814, puis est priée par son successeur Louis-le-Débonnaire de rejoindre son monastère. Lors d’une visite de Louis à Faremoutiers vers 816, il offre à Rothilde le domaine de Gy-en-Gâtinais pour qu’elle y édifie un prieuré dépendant de Faremoutiers, C’est à Gy que Rothilde mourra en 852. Le prieuré -qui a parfois le statut de monastère-, durera encore 9 siècles, toujours sous la dépendance de Faremoutiers. En termes de longévité des monastères en Gâtinais, Gy a la deuxième place, juste après Ferrières.
Voilà pourquoi on priait sainte Fare à Gy, voilà pourquoi Fare patronne aujourd’hui les associations de la commune. Ce n’est pas mal trouvé : les associations ont toujours besoin d’y voir clair, et sainte Fare est spécialisée pour guérir les maladies des yeux ! À condition de ne pas se tromper de sexe en l’invoquant…
Gilbert Baumgartner
Notes de publication
Textes de Gilbert Baumgartner.
Ces textes ont été initialement publiés dans :
- Bulletins municipaux de Gy-les-Nonains 2017, 2018, 2020.
- Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis n°186 février 2022.
Les textes font référence à des indications relevées chez les meilleurs historiens. Les sources les plus fréquentes sont : Jacques Soyer (Recherches sur l’origine et la formation des noms de lieux du Loiret), Michel Métais (Un parler gâtinais), Stéphane Gendron (Noms de lieux du Centre), Paul Gache (Œuvres complètes).
* Références abrégées dans les textes ci-dessus :
JS : Jacques Soyer
MM : Michel Métais
SG : Stéphane Gendron
PG : Paul Gache